L'Itineraire | M pour Messiaen, C for Carter
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12 Nov M pour Messiaen, C for Carter

M pour Messiaen, C for Carter

Athénée – Théâtre Louis-Jouvet 12/11/2008 –

Programme

Gérard Grisey : Talea

Michaël Levinas : Les Lettres enlacées IV

Elliott Carter : Triple duo

Betsy Jolas : B for Sonata (*)

Olivier Messiaen : Oiseaux exotiques (**)

Géraldine Dutroncy (*), David Chevalier (**), (piano)

L’Itinéraire: Sophie Dardeau, Carine Dupré (flûte), Nicolas Bens (hautbois), Aude Camus, Florent Charpentier, Benoît Savin, Benjamin Masciotta (clarinette), Jean-Paul David (basson), Antoine Dreyfuss, Stéphane Bridoux (cor), Julien Lair (trompette), Christophe Bredeloup, Renaud Detruit, Elisa Humanes, Benoît Masson, Gianny Pizzolato, Laurence Meisterlin (percussion), Fuminori Tanada (piano), Anne Mercier, Nicolas Miribel (violon), Lucia Peralta, Renaud Stahl (alto), Florian Lauridon (violoncelle), Mark Foster (direction)

O. Messiaen (© D. R. Archives Messiaen)

Six concerts et une classe de maître de Christiane Eda-Pierre: du 9 au 14 décembre, le Théâtre de l’Athénée participe activement à la célébration du centenaire d’Olivier Messiaen. Intitulé «Les Voix d’Olivier Messiaen», ce cycle permettra notamment d’entendre l’intégrale des mélodies, que Claude Samuel, délégué général de «Messiaen 2008», qualifie fort justement de «pan mal connu de sa création». Mais le reste de son catalogue n’est pas oublié, à l’image de ce superbe programme de L’Itinéraire et de son directeur musical, Mark Foster, associant à Messiaen Elliott Carter, le jour même de son centième anniversaire, ainsi que trois de ses élèves, dont les noms sont en outre tout particulièrement associés à l’histoire de l’ensemble, puisqu’y figurent deux de ses fondateurs, Gérard Grisey et Michaël Levinas.

Dans Talea (1986), Grisey fait appel à l’effectif instrumental du Pierrot lunaire, mais la ressemblance s’arrête là. Si son titre signifie «coupure» en latin, la pièce comporte également un sous-titre au premier abord énigmatique, «La Machine et les Herbes folles»: durant la première partie, de caractère polyphonique, la «machine» exploite une structure unique, créant une liberté qui, une fois ce geste «coupé», se déploie durant la seconde partie, «herbes folles» «poussées dans les interstices de la machine». Une «partition», au sens propre, qui s’entend au demeurant parfaitement, entre une introduction et une conclusion abruptes, la prolifération lumineuse évoluant vers davantage de lyrisme, en même temps que le travail se porte davantage sur la sonorité.

C’est pour un quintette à deux altos qu’est écrit Les Lettres enlacées IV (2000) de Levinas: une musique immédiatement séduisante, procédant par superposition de gammes ascendantes qui suggèrent une fausse impression de répétition, puis par un ralentissement progressif, comme si le mécanisme était démonté, avant une section plus statique en figures cette fois-ci descendantes.

Si l’effectif instrumental du Triple duo (1982) de Carter associe les percussions à celui du Pierrot lunaire, ce sextuor doit en réalité s’analyser à la lumière de son titre, comme la présence de trois familles d’instruments (flûte et clarinette, violon et violoncelle, piano et percussion): une foisonnante virtuosité vient heureusement équilibrer l’exigeante aridité de cette confrontation.

Après l’entracte, avec B for Sonata (1973) de Betsy Jolas, qui a succédé à Messiaen lorsque celui-ci prit sa retraite du Conservatoire, Géraldine Dutroncy offre un quart d’heure de poésie pure, exploitant tous les registres du piano et de l’expression sans la moindre concession à la facilité.

Même si cette «année Messiaen» a privilégié le Quatuor pour la fin du temps ou la Turangalîla-Symphonie, les Oiseaux exotiques (1956) sont loin d’être négligés pour autant: six jours plus tôt salle Pleyel, Pierre-Laurent Aimard et George Benjamin, deux autres élèves de Messiaen et de son épouse Yvonne Loriod, en donnaient une lecture revigorante (voir ici). David Chevalier et Mark Foster ne le cèdent en rien, et si l’interprétation paraît plus verte et radicale, l’acoustique plus mate de l’Athénée y est sans doute pour une grande part.

 

Le site de L’Itinéraire

«Les Voix d’Olivier Messiaen» sur le site de l’Athénée

Le site du centenaire Elliott Carter

Simon Corley

 

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